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J.O. - Handball

Experts en or

par Jean-François Pérès

Article publié le 24/08/2008 Dernière mise à jour le 24/08/2008 à 09:40 TU

Girault, Guigou, Dinart (de g. à d.) et les autres handballeurs français, fous de joie.(Photo : Reuters)

Girault, Guigou, Dinart (de g. à d.) et les autres handballeurs français, fous de joie.
(Photo : Reuters)

Surnommés « les Experts », les handballeurs tricolores n’ont pas tremblé face à l’Islande (28-23) pour remporter leur premier titre olympique et apporter à la France une 40e et dernière médaille à Pékin, la 7e en or. Juste récompense pour une génération exceptionnelle, celle des Karabatic, Omeyer, Abalo, Narcisse, des frères Gille…

« Je ne vois pas comment cette finale pourrait nous échapper », avait pronostiqué avant match l’ancien entraîneur de l’équipe de France de handball, Daniel Costantini, d’habitude très mesuré. Costantini, l’emblématique coach des « Barjots », médaillés de bronze aux Jeux de Barcelone en 1992. L’acte de naissance du handball tricolore au niveau mondial.

Seize ans plus tard, la France, désormais place forte de la discipline grâce à une politique bien pensée, a remporté deux titres de championne du monde (1995, 2001), un de champion d’Europe (2006), Montpellier s’est imposé en Ligue des champions… Ne manquait plus que ce titre olympique qui semblait se refuser à elle avec obstination. 

La cinquième tentative fut donc la bonne : cette médaille d’or récompense ce que Jackson Richardson, le Zidane du hand français, décrit comme « la plus talentueuse génération » qui lui ait été donné de côtoyer du haut de ses 417 (!) sélections.


L’ascendant français

Dans un gymnase où une bonne partie de la délégation française avait pris place et se faisait bruyamment entendre, les « Experts », nom de code fédéral de cette équipe, débutent sans forcer. Les Islandais, tombeurs surprises de l’Espagne en demi-finale, rendent coup pour coup. Mais l’incertitude ne durera que cinq minutes, jusqu’à 3 partout.

Insensiblement, les joueurs de Daniel Onesta prennent l’ascendant. Dans ses buts, Omeyer multiplie une nouvelle fois des prouesses. Devant, l’efficacité est de sortie avec un Nicolas Karabatic plus en verve que face à la Croatie deux jours plus tôt et une réussite maximale en contre. L’écart se creuse, pour atteindre sept buts à la 26e minute (14-7).

Remarquablement regroupés en défense, privant leurs adversaires de fenêtres de tir, les Français déroulent. Un peu trop faciles peut-être : G. Gille et Kempe sont exclus deux minutes et les Nordiques en profitent pour revenir à cinq buts à la mi-temps (15-10).

La défense islandaise au supplice

Omeyer, l'autre "muraille de Chine". (Photo : Reuters)

Omeyer, l'autre "muraille de Chine".
(Photo : Reuters)

Pas de grands changements en seconde période : les « Experts » poursuivent leur travail de sape, leur agressivité en défense fait merveille, Abalo, Narcisse et compagnie mettent au supplice une défense islandaise forcément moins dense. A un quart d’heure de la fin, les Français mènent 24 à 15. Le match ne peut plus leur échapper ; la meilleure équipe du tournoi est en train de l’emporter.

Et quand les Islandais lancent leurs ultimes flèches, ils trouvent face à eux celui que ses coéquipiers surnomment « la muraille de Chine », Thierry Omeyer, auteur de 18 arrêts en 50 minutes…

La fin de match n’y changera rien : les Islandais reviennent à 5 buts, ils ne feront pas mieux. Score final, 28 à 23. Et c’est ainsi qu’après le football, sacré à Los Angeles en 1984, le handball apporte au sport collectif français un deuxième titre olympique en cent-douze ans : suffisamment rare pour être apprécié à sa juste mesure. Et tellement mérité.    

« On n‘est plus au sommet, on est au dessus ! »  

Fous de joie, les 15 joueurs français n’en finissent plus de se congratuler et de remercier leurs supporters. Narcisse est en larmes, Abalo et Dinart (qui avait dit à ses coéquipiers : « Une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne ») sont hilares. Un grand drapeau est lancé des tribunes. Un tour d’honneur général est improvisé.

A chaud, Didier Dinart a le « sentiment du devoir accompli. Le groupe a été grandiose. On n’est plus au sommet, on est au dessus ! ». « C’est fort ce qu’on a fait », renchérit le vétéran Joël Abati, 38 ans. Bertrand Gille n’a carrément « pas envie de sortir du terrain ».  

Avec quelques minutes de retard pour cause d’effusions prolongées, la Marseillaise retentit enfin dans le gymnase olympique pour rendre hommage à la 302e médaille d’or de ces Jeux de Pékin. La dernière ! Celle qui permet à la France de terminer in extremis, avec 40 médailles dont 7 en or, dans les dix premières nations de cette Olympiade.      

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