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Sciences naturelles

Le comte de Buffon fête ses 300 ans

par Dominique Raizon

Article publié le 29/05/2007 Dernière mise à jour le 29/05/2007 à 17:41 TU

La statue du comte de Buffon.(Photo : Dominique Raizon/ RFI)

La statue du comte de Buffon.
(Photo : Dominique Raizon/ RFI)

En 2007, les héritiers spirituels du naturaliste français du XVIIIe siècle, Georges Louis Marie Leclerc, comte de Buffon, intendant du Jardin du Roy, célèbrent le tricentenaire de la naissance du naturaliste. L’une des figures phares du siècle des Lumières, Buffon (7 sept.1707-16 avril 1788) s’illustra comme savant, écrivain, philosophe, industriel, botaniste. Il eut l’intuition de la place de l’homme dans la nature et fit du Muséum national d’histoire naturelle (Mnhn), à Paris, le point focal des sciences de la nature en Europe et dans le monde. La France rend également hommage à son homologue suédois et contemporain, Carl von Linné, ou Linnaeus (1707-1778).


Georges Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788) 

		DR
Georges Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788)
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En 1707, naissait Buffon qui, trois siècles plus tard, est reconnu par les scientifiques comme un des pionniers de l’écologie. Il fit un travail empiriquement vérifiable, posant de nouvelles questions et ouvrant de nouveaux champs de recherche : «Biologiste avant la lettre, il fut le créateur de la zoogéographie. (…) Au centre de la création, il plaça l’homme et, par les pages qu’il lui consacra, il fonda une véritable anthropologie positive», résume François Nedellec, conservateur du musée Buffon à Montbard (Bourgogne, est).

Le Muséum d'histoire naturelle (Mnhn, à Paris) célèbre le tricentenaire de la naissance du savant. La maison d’édition Gallimard réédite, en collection La Pléiade, son oeuvre monumentale, une Histoire naturelle, générale et particulière, publiée pour la première fois en 36 volumes entre 1749 et 1788. A travers ces écrits, Buffon entendait faire œuvre de vulgarisation pour «ouvrir les esprits» du plus grand nombre de ses contemporains. Une manière d’apporter ainsi sa pièce à l’édifice : le siècle des Lumières, ancré dans une tradition humaniste, porta haut la mission morale de l’homme de «savoir». Les plus grands naturalistes qui succèderont à Buffon, comme Lacépède ou Cuvier par exemple, réimprimeront une quarantaine de fois ses œuvres complètes rivalisant avec l’Encyclopédie de Diderot.

Tout en restant en marge du mouvement encyclopédiste et tout en témoignant d’une grande indépendance d’esprit par rapport à son siècle, Buffon marqua fortement de son empreinte ce siècle dit «des Lumières», placé sous le signe de la réflexion, de l’esprit et de la connaissance. Le XVIIIe siècle fût l’âge d’or des recherches scientifiques désintéressées et des voyages d’exploration, une époque où l’on s’est adonné, entre autre, à la connaissance de la nature et où la mode était de collectionner les curiosités naturelles.


La roseraie avec, en fond, le bâtiment de botanique et géologie au Jardin des Plantes de Paris dans le 5e arrondissement. 

		(Photo : Dominique Raizon/ RFI)
La roseraie avec, en fond, le bâtiment de botanique et géologie au Jardin des Plantes de Paris dans le 5e arrondissement.
(Photo : Dominique Raizon/ RFI)


A 32 ans, l’homme de sciences et de lettres Georges Louis Marie Leclerc, comte de Buffon, obtient le poste d’intendant du Jardin royal des plantes médicinales et du cabinet d’histoire naturelle. Il conçoit rapidement de nombreux projets de réaménagement et d’extension du jardin. Et, pendant dix ans, il n’aura de cesse d’embellir le lieu et lui donner ses lettres de noblesse, enrichissant les collections d’espèces végétales, minérales et animales rapportées de nombreuses expéditions scientifiques entreprises au travers du monde par des pères missionnaires et de grands voyageurs, comme par exemple l’écrivain Bernardin de Saint-Pierre. En 1793, à la fin de sa vie, le jardin sera transformé en Muséum d’histoire naturelle.

Buffon fût le contemporain du Suédois Carl von Linné, médecin, botaniste et grand voyageur. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés et chacun rejetait la conception de la classification adoptée par l’autre. Pourtant, avec le recul, les scientifiques d’aujourd’hui admettent que les deux hommes furent terriblement complémentaires dans leurs démarches. Linné s’était fixé pour objectif de répertorier l’ensemble du règne végétal, minéral et animal selon le principe d’une nomenclature bi-nominale en latin, toujours en vigueur : avec une majuscule pour signaler l'appartenance au genre -par exemple Homo- suivi, doté d'une minuscule, du nom de l’espèce -par exemple habilis, pour désigner le plus ancien fossile.

Une esquisse de la théorie de l’évolution

Buffon, pour sa part, considérait que les êtres vivants étaient trop complexes pour être classés selon quelques caractères. Dans ses écrits, il présente  le cheval comme étant «la plus noble conquête de l’homme», le chat, «un domestique infidèle»; «à la fierté, au courage, à la force, le lion joint la noblesse, la clémence, la magnanimité [il oppose] le tigre, [selon lui], bassement féroce, cruel, sans justice, c’est-à-dire sans nécessité». Il considère, le singe comme «un homme dégradé» et l’âne, «un cheval dégradé». Buffon nota systématiquement pour chacune des espèces, ses traits caractéristiques, son environnement, ainsi que les moeurs de chaque individu qu’il avait observé.

Le cabinet de curiosités. 

		(Photo : Dominique Raizon/ RFI)
Le cabinet de curiosités.
(Photo : Dominique Raizon/ RFI)

Même s'il ne fut pas avare d’affirmations gratuites, et même si ses remarques sont truffées d'erreurs, Buffon a permis à la science de faire un pas en avant. En appliquant sa méthode et en réunissant plusieurs espèces voisines physiologiquement, mais de comportements ou d’habitats différents, il constitua des familles ayant, selon lui, une unité biologique et esquissa ainsi une théorie de l’évolution du monde vivant, que développera, un siècle plus tard, Charles Darwin.

Le Centre national de recherche scientifique (CNRS) lui a consacré, en tant que personnage historique, un site créé sous la houlette de Pietro Corsi et de l’historien et philosophe Thierry Hocquet. Ce dernier est l'auteur d’une étude comparée entre Buffon et Linné, éternels rivaux de la biologie (éd. Quai de Seine). Aucune grande exposition n’est prévue au Mnhn, à l’occasion de ce tricentenaire. Toutefois, plusieurs manifestations sont prévues tout au long de l’année, telles que conférences, débats, concerts, et visites sur les pas du naturaliste : le programme est présenté sur le site du muséum et celui de sa ville d’origine, Montbard (Bourgogne) où un grand colloque international doit se tenir dans la maison natale même du savant, en cours de transformation en musée.

Pour en savoir plus:

http://www.mnhn.fr

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