Légende de la CAN

De 1957 à 2000

Programme
4par jour
4
par groupe

Tous les matchs
4Résultats/classements
4
Qualifications

Les équipes
4
Afrique du Sud
4
Algérie
4
Burkina Faso
4
Cameroun
4
Congo démocratique
4
Côte d'Ivoire
4
Egypte
4
Ghana
4
Liberia
4
Mali
4
Maroc
4
Nigeria
4
Sénégal
4
Togo
4
Tunisie
4
Zambie

Les villes hôtes
4
Bamako
4
Sikasso
4
Ségou
4
Mopti
4
Kayes

Le saviez-vous?

RFI à la CAN 2002

Nos articles archivés

Les liens
4mali2002.org
4
cafonline.com
4
autres liens

Nous écrire


accueil rfi



A Bamako, Carton Rouge au travail des enfants
1er février 2002

Sauver les enfants maliens, africains, les enfants du monde © DR

De notre correspondant à Bamako

Quartier populaire de Médine à Bamako. Au pied d'une colline, la plus grande ferblanterie du Mali, la plus grande manufacture artisanale du pays. Environ trois milles forgerons. De la ferraille, du bruit, du feu. Le fer fond. Ici, le produit fini ? Seaux, charrues, marmites, etc. sont vendus dans tout le Mali. Et même dans la sous-région.

«Je m'appelle Moussa Koné. J'ai 12 ans. Chaque jour, je gagne 200 CFA et je travaille ici pendant 10 heures», témoigne le gamin habillé en haillons. Ici, dans cette forge , plus de 60% des travailleurs sont des mômes. Moyenne d'age de 12 ans. Abandonnés par la société, sous-payés, ils travaillent sous l'œil vigilant de leurs maîtres, de leurs propres parents. Le travail est dur, très dur. Impossible pour ces gamins d'émerger de ce labyrinthe.

Impossible ? Pas vraiment. C'est pourquoi le Bureau International du Travail (BIT) et la Confédération africaine de football (CAF) ont profité de la 23ème édition de la CAN pour lancer une vaste opération «Carton rouge au travail des enfants». Sauver les enfants maliens, africains, les enfants du monde tout court.

«Nous avons choisi l'expression carton rouge parce qu'elle s'articule autour d'un concept familier au monde du football : le carton rouge que sort l'arbitre pour exclure un joueur du terrain», explique un responsable du BIT. Ces mômes travaillent à la dure dans les fermes, les mines, des carrières ou comme domestiques. Victimes aussi des réseaux de prostitution, utilisés dans les conflits armés, ils sont à la merci d'un monde féroce.

«Ici, il y a une nette prise de conscience du phénomène»

Huit des seize équipes de foot présentes à Bamako sont de la sous-région. Donc, il y a lieu forcément d'évoquer ici le trafic des enfants. Après un trajet entre Sikasso, dans le sud du Mali, et Korhogo, dans le nord de la Côte d'Ivoire, ils sont «jetés» dans les exploitations agricoles ivoiriennes. Conditions de vie et de travail difficiles. Une bouillie et une pâte de maïs comme repas.

Battus, sous payés, ou simplement pas du tout, ils sont souvent, selon l'Unicef, traités comme «des bêtes de somme». Hélas ! des cas de décès sont signalés. Bref, conscients de la vie difficile des enfants qui travaillent un peu partout en Afrique et dans le monde, les initiateurs de l'opération «Carton rouge» ont mis les grands moyens afin de défendre leur cause.

Messages de sensibilisation diffusés par d'actuelles et anciennes gloires du foot africain. Des milliers de femmes et de jeunes habillés aux couleurs de la campagne scandant «Carton rouge au travail des enfants». Fanions, casquettes, expositions et autres banderoles rythment la campagne dans les cinq villes maliennes (Bamako, Sikasso au sud, Kayes à l'ouest, Ségou et Mopti au petit nord).

Mais ici, la lutte n'est pas que médiatique. Au pas de charge, un lobbying est fait. Incitation des gouvernements à ratifier la Convention 182 du BIT sur l'élimination des pires formes de travail des enfants (100 pays dont une trentaine en Afrique l'ont ratifié). Accélération du programmes «Abolition du travail des enfants». Là, une nouveauté. A côté de la répression, la pédagogie.

Cas pratique, dans la ferblanterie de Bamako. Après une étude sociologique, les adultes ont été approchés. Sensibilisés. Résultat, ils ont donné leur feu vert pour «l'extraction» de la forge de quelques centaines de mômes. Encadrés par des éducateurs spécialisés, ils opèrent actuellement leur réintégration dans la société.

«Ces enfants que nous encadrons apprennent aujourd'hui à lire, à écrire, mais leur véritable problème est avant tout psychologique», confie M. Tall, l'un des porte-drapeaux de la lutte contre le travail des enfants au Mali.

M.Tall ne désespère pas. Dans le monde dit-il, 250 millions d'enfants dans la tranche d'âge comprise entre 5 et 14 ans travaillent souvent à la dure. 80 millions de ces enfants se trouvent en Afrique. Les chiffres donnent le vertige. «Avec des campagnes de ce genre, nous arriverons à faire baisser la tendance, surtout qu'à Bamako, il y a eu une nette prise de conscience du phénomène» conclut, optimiste, M. Tall.

Serge Daniel