Sénégal
Des
lions affamés
Les amateurs de sensations
fortes en ont pour leur argent l'année dernière
avec les Lions de la Teranga qui ont dévoré
Egyptiens et Marocains sur la route qui mène à
l'Asie. Un formidable rugissement dont les échos
sont encore largement perceptibles. Franchement rien ne
laissait prévoir cette voie royale empruntée
par les Lions. Les Sénégalais eux-mêmes
en sont restés incrédules. La dernière
CAN avait bien laissé percevoir quelques potentialités,
mais à ce point, ce n'était pas envisageable.
Le travail initié par
le docteur ès football africain, Peter Schnittger,
prolongé par le profane Bruno Metsu a porté
des fruits précocement mûrs. Mais le mérite
en revient d'abord à une exceptionnelle génération
de joueurs brièvement formés au pays puis
tous expatriés et qui ont joué rapidement
la même partition. Presque une génération
spontanée, jeune, vive, joyeuse, ambitieuse, consciente
de ses moyens et de sa valeur, qui est née à
l'ambition match après match.
On connaît le dicton,
qui trop embrasse mal étreint ! Quelque chose nous
dit que ce ne sera pas le cas et que cette équipe
n'a pas fini de surprendre.
Reste à savoir dans
quel état d'esprit elle abordera la CAN. Avec la
volonté d'aller toujours plus de l'avant, ou avec
le regard déjà fixé vers le continent
asiatique. Depuis toujours il y a deux écoles : celle
qui suggère que la Coupe d'Afrique est une répétition
inégalable avant la Coupe du monde ; c'est plutôt
la thèse défendue par les entraîneurs
africains et les dirigeants. Et celle qui préconise
de préserver ses forces dans la perspective de la
compétition suprême ; une idée plus
largement répandue chez les entraîneurs non-africains.
Personne n'a démontré le bien-fondé
de l'une ou l'autre école. Personne ne sait quel
sera le choix des joueurs sénégalais au Mali.
Gérard
Dreyfus