Effervescence
à Bamako
15 janvier 2002
A quatre jours de la date
fatidique du 19 février 2002, les préparatifs
techniques et sportifs s'accélèrent. Le
Mali et sa capitale s'apprêtent à ne plus
vivre qu'à l'heure du football.
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Mascotte de la CAN
2002 devant le siège de l'organisation de
la Coupe. © AFP
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De l'un de nos envoyés
spéciaux à Bamako
La température monte
à Bamako. Rien à voir avec les conditions
climatiques de la capitale malienne. Tout laisse à
penser que les joueurs n'auront pas trop à souffrir
de la chaleur pendant les rencontres. Ceux qui seront
le soir sur le terrain seront même étonnés
de la fraîcheur de la saison d'hivernage. La hausse
brutale de température tient plutôt à
l'égrenage du compte à rebours. Samedi prochain,
quatre années d'efforts connaîtront leur
aboutissement.
Le siège du comité
d'organisation ressemble à une véritable
ruche. Le parking déborde de véhicules,
les téléphones mobiles grésillent
aux quatre coins du périmètre. Les portes
claquent. Chacun s'active au pas de charge afin de résoudre
les problèmes au fur et à mesure qu'ils
se présentent. Le centre de presse situé
au palais des congrès a déjà accueilli
quelques dignitaires de l'Etat malien, à l'instar
du président Alpha Oumar Konaré, venu se
faire accréditer et recevoir son badge, suivi de
la plupart des ministres de son gouvernement. Les responsables
de la Confédération africaine de football,
présidents, vice-présidents, membres du
comité exécutif, ont également eu
à poser pour avoir leur photo sur la carte accréditive,
sésame indispensable pour entrer dans tous les
lieux officiels de la CAN.
A l'écart de tous
ces mouvements officiels, la rue bruisse de ses propres
rumeurs. On y parle uniquement football: «C'est
sûr, dit l'un, les Aigles (surnom de l'équipe
nationale) vont être champions». Un autre
pronostique: «On va garder la Coupe».
Manière comme une autre de se rassurer avant le
match de samedi contre le Liberia. Des affiches à
la gloire de la CAN vont bientôt faire leur apparition.
Les billets ne seront, en principe, mis en vente que mercredi.
Afin d'éviter toute contre-façon, ils ont
été imprimés en Italie.
En fait, à quatre
jours du coup d'envoi de l'événement le
plus populaire et le plus médiatisé du continent
africain, Bamako n'est pas encore totalement entré
dans la compétition. En revanche, à l'intérieur
du pays, la fièvre est bien présente. Parce
que la Coupe n'est plus l'affaire de la capitale, mais
d'une grande partie du territoire national. Les habitants
de Ségou et Sikasso garderont longtemps le sentiment
d'avoir été pleinement associés à
la fête; ces deux villes conserveront longtemps
la trace de ce rendez-vous historique. Même chose
pour Mopti et pour Kayes. Elles ont le sentiment de ne
pas avoir été oubliées.
Environ 700 journalistes
Les journalistes, sans lesquels
il serait impossible de débuter l'épreuve,
arrivent par petites grappes, en ordre dispersé,
en fonction des mouvements d'avions parfois interrompus
pour des raisons inexpliquées (la crise du transport
aérien avec la disparition de plusieurs compagnies
posent des problèmes considérables). Le
souci des organisateurs est de s'assurer que ceux qui
n'ont pas pris leurs dispositions avant de venir trouveront
de bonnes conditions d'hébergement. C'est l'inquiétude
majeure de la commission presse. Car de mémoire
de CAN, on n'avait jamais eu un aussi grande nombre de
journalistes à accueillir. Ils seront environ 700,
plus 250 techniciens, ingénieurs et cadreurs, chargés
d'assurer la production des images sur les six stades
retenus. Un très fort contingent de journalistes
venus d'Europe et de reste du monde sont attendus: le
plus fort contingent vient d'Angleterre et de France,
mais aussi du Japon, Coupe du monde oblige. Il y a même
deux journalistes brésiliens qui ont annoncé
leur arrivée. Sans compter les retardataires qui,
au dernier moment, se décideront.
En dehors des cent journalistes
maliens qui sont déjà sur place, les Ivoiriens
qui n'ont qu'à passer la frontière qui sépare
les deux pays seront les mieux représentés:
une soixantaine. Les Sud-Africains, quarante. Un quota
a été attribué à chaque pays
qualifié: entre trente et quarante représentants
des médias. Les moins nombreux, on le sait, seront
les Zambiens, cinq seulement, en raison de la crise économique
que connaît le pays depuis plusieurs années.
Quant aux footballeurs, les
Ghanéens sont déjà depuis vendredi
dernier sur place à Ségou. Ils sont arrivés
sans prévenir et ont investi le village CAN en
squatters. Difficile de les mettre dehors. D'autant
qu'ils disaient ne pas avoir d'argent pour trouver une
autre solution. Dans la nuit de dimanche à lundi,
sont arrivés les Nigérians. Ils logent à
l'hôtel de l'Amitié à Bamako où
les rejoindront le Liberia, la Zambie, l'Egypte et la
Tunisie. Les Super Eagles sont souriants, chaleureux,
aimables, contents d'être là, à l'image
de Taribo West ou Victor Ikpeba. Aucune récrimination
de leur part: on nous les aurait donc changé! Les
prochains à venir devraient être les Sénégalais
qui ont choisi de réserver tout un hôtel,
tout comme les Algériens. Le premier comme le deuxième
ont des noms bien français, Mirabeau et Rabelais.
Incontestablement l'effervescence est bien présente.
Sans que la température n'ait rien d'inquiétant.
Gérard
Dreyfus