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Les faux-semblants
17 décembre 2001

Dans un mois, les équipes seront à pied d'œuvre au Mali à la veille du coup d'envoi de la CAN 2002. C'est une période cruciale qui débute pour la préparation des seize sélections.

Match amical Tunisie-Togo. N'accorder pour l'instant qu'une valeur relative à ces rencontres de préparation…© AFP

Depuis deux mois, nous nous appliquons chaque semaine à recenser les étapes de préparation des seize équipes qualifiées pour la CAN 2002. Sans être pour autant dupes. La vraie campagne, pour la plupart des concurrents, sera véritablement finalisée dans les premiers jours du mois de janvier. La raison est simple : le gros des troupes viendra des pays extérieurs au continent. Ce qui revient à dire que le travail qui fut longtemps celui des entraîneurs avant une Coupe d'Afrique des nations s'est largement transformé au fil des éditions.

Finie l'époque où il fallait regrouper son effectif trois mois à l'avance pour effectuer le travail foncier, la préparation physique qui étaient mal faits dans les clubs locaux. Aujourd'hui, la mission de l'entraîneur d'une sélection africaine est peu différente de celle de ses collègues européens. Elle consiste essentiellement à homogénéiser le groupe, à positionner chaque élément à sa meilleure place en fonction de ses qualités propres et de celles de ses partenaires. Si nécessaire, l'entraîneur peut décider, dans l'intérêt de l'équipe de reculer un joueur ou au contraire de l'avancer. Cette permutation s'opère, pour l'essentiel en défense et au milieu de terrain. La polyvalence des joueurs fait que ces permutations ne leur pose pas trop de difficultés d'adaptation. L'entraîneur doit réaliser la symbiose de l'équipe, le meilleur équilibre possible. Cela constitue sa première tâche.

Une CAN plus ouverte que jamais

Dès lors, il convient d'être extrêmement prudent et n'attacher qu'une valeur toute relative à ces phases préliminaires de préparation dont sont souvent absents les professionnels. Les équipes ont un vécu. A quelques unités près, ce sont les joueurs qui de juillet 2000 à juillet 2001 ont participé aux éliminatoires de la CAN et de la Coupe du monde qui participeront au rendez-vous malien. Elles sont parfaitement rodées et leur comportement dépendra plus de l'état de forme des sélectionnés et de leur volonté que des découvertes de dernière minute. Le plus gros problème auxquelles elles risquent de se heurter, c'est l'arrivée tardive de nouveaux entraîneurs qui peuvent désorienter certains joueurs. La prudence s'impose. Jamais CAN n'a peut-être été aussi ouverte que celle qui nous attend.

Un exemple tout simple, un parmi d'autres : une semaine après avoir été corrigé par la Côte d'Ivoire, 0-3, le Mali est allé obtenir un match nul au Maroc. En une semaine, le onze malien n'a pas été transfiguré. Les conditions des deux matches n'étaient pas du tout les mêmes : forte pression à Sikasso pour l'inauguration du stade, esprit beaucoup plus libre à Settat où l'équipe a joué pour elle, pas pour le public, pas davantage pour les autorités. De plus, le match contre le Maroc s'est déroulé sous une pluie battante et sur un terrain en partie détrempé. Attention par conséquent à la lecture du résultat brut. Les chiffres seuls ne peuvent fournir une appréciation de la qualité exacte d'un match. Raison pour laquelle il convient de ne s'emballer ni dans un sens, ni dans l'autre. Se méfier des faux-semblants.

Gérard Dreyfus