Le Mali en fête malgré un nul laborieux
(19 janvier 2002)
|
La
liesse à Bamako après le match d'ouverture
(1-1) opposant le Mali au Liberia.
© PatriceTharreau/RFI |
De notre correspondant au
Mali
Après un nul arraché par
les Maliens, des milliers de Bamakois ont pris d'assaut des
rues de la capitale pour exprimer leur joie. Scènes
de liesse à Bamako, mais aussi à l'intérieur
du Mali. Reportage.
Fin du Match Mali-Liberia. De
véritables grappes humaines prennent d'assaut les rues
de Bamako. Quartiers populaires de Niamakoro, Wolofobougou,
Niaréla. Même décor. «Nous avons
gagné, nous sommes les plus forts», tonnent
les manifestants qui ont suivi le match sur leurs petits écrans.
Deux jeunes gamins peints aux couleur du drapeau national
sortent d'une artère. Frayeur, et ensuite joie des
manifestants.
Devant l'Office de Radio télédiffusion
du Mali (ORTM), des militaires en faction. L'un d'entre eux
laisse tomber son béret : «Vive l'armée,
vive le Mali». Entre temps, les milliers de spectateurs
reviennent du stade. La voie a été décrétée
pour des raisons de sécurité «voie à
sens unique». Il n'empêche. Des embouteillages
monstres. Des confrères impatients d'écrire
leurs papiers. Tant pis. Ils attendront. Les Bamakois fêtent.
Délire. Scènes de joie. Sifflets à la
bouche, petit drapeaux maliens accrochés au guidon,
tout ce monde hurle. Les voitures crachent la fumée.
Les forces de l'ordre d'habitude «très strictes»,
laissent faire. C'est la fête. La fête du Mali.
Du moins pour quelques heures.
«Nous venons de loin, explique, l'émotion
passée, un hôtelier. C'était incroyable
de perdre». Un autre raisonne : «Nous somme
satisfaits à moitié». Un politicien
malien confie : «C'est comme si le Mali était
qualifié au second tour d'une présidentielle».
Dans sa ligne de mire, il voit déjà arriver
les élections présidentielles d'avril prochain.
Le président malien a promis de chanter
A l'intérieur du Mali,
plus précisément dans les quatre autres villes
(Kayes à l'ouest, Sikasso au sud de Bamako, Ségou
et Mopti dans le petit nord) où d'autres matchs sont
prévus, selon des témoins contactés au
téléphone par RFI, l'ambiance est la même.
Défilé de gamins à Sikasso selon la police,
circulation perturbée à Mopti, artères
noires de monde à Kayes, les Maliens ont célébré
ce premier tour de chauffe de leur équipe.
Deux heures après le match,
les rues de Bamako étaient toujours animées.
Des spectateurs se sont retrouvés dans leurs «grins»,
ces regroupements quotidiens d'amis où on se retrouve
autour d'un verre de thé pour causer. Il n'empêche,
certains ont fêté, pour une fois, avec de l'alcool.
La nuit sera longue, prédisent les initiés.
Image forte d'après match, c'est la fraternité
subite entre un groupe de Libériens ayant fait le déplacement
et un groupe de Maliens. Il sont dix au total. Français
approximatif pour les uns, un anglais hésitant pour
les autres. Mais sur tous les visages un même rictus:
la joie. «Pourvu que ça continue».
Dixit Amadou Diallo, sociologue malien qui analyse les phénomènes
de foule.
Pour certains, ce nul laborieux était écrit
quelque part, comme on dit au pays des Pharaons. «Les
trois marabouts de l'équipe malienne ont respecté
leur premier contrat», affirme irrationnellement
le directeur d'un établissement scolaire, mordu du
foot et supposé connaître les féticheurs
de l'équipe malienne. «Faux. Les jeunes se
sont finalement réveillés et ont donné
espoir à tout un peuple. Dieu a fait le reste»,
tente d'expliquer un ingénieur malien.
Présent au stade avec son homologue mauritanien, le
président malien Alpha Oumar Konaré, dès
son arrivée au Palais présidentiel, aurait selon
un de ses conseillers chanté une petite chanson à
la gloire des Aigles, l'équipe nationale du Mali. Il
a promis de chanter «de sa plus belle voix une chanson
si le Mali remportait la Coupe».
Serge Daniel
|