Les
Aigles déchaînés, la presse malienne aussi
29 janvier 2002
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Pour la presse malienne,
les Aigles iront loin dans la compétition @Ph.QL |
De notre correspondant à
Bamako
Le cliché qui trône
à la une du quotidien gouvernemental L'Essor
résume bien l'ambiance. On y voit quatre joueurs des
Aigles qui se congratulent après le deuxième
but malien et à la tribune, les spectateurs qui explosent
de joie. Titre du journal : «Au suivant!».
«Au suivant !» Décodage : après
la petite raclée pour l'Algérie, à qui
le tour ? Photo des héros du jour à la une,
un autre quotidien Les Echos, rappelle le score du
match (2-O), avant d' «élire» la vedette
du jour. Son nom : Mamadou Bagayoko, un «véritable
poison» pour les défenses adverses.
«Les garçons ont été formidables»,
«Ils sont des dieux vivants», «C'est
une victoire dans l'art et dans la manière»,
«Ils nous font rêver», «Nous sommes
amoureux d'eux», etc. La plume de certains de nos
confrères malien est, on le voit, est aussi trempée
dans de l'encre rose.
D'autres confrères maliens versent de leur côté
dans le style «madame Soleil», avec des pronostics.
Ainsi pour le bi-hebdomadaire Le Tambour, les Aigles
iront loin dans la compétition. Info-Matin,
de son côté, voit carrément midi à
la porte des Maliens. Parole aux joueurs dans le même
journal. Le même couplet dans la bouche des héros
du jour : «Nous sommes très motivés».
L'ambiance des les rues de Bamako ? «carnavalesque»,
témoigne le quotidien Le Soudanais. Des dizaines
de milliers de Bamakois en liesse. Petits drapeaux maliens,
coups de sifflets, youyous d'usage et autres déhanchements
de corps sur fond de chansons ont rythmé un déferlement
dans les rues de la capitale.
Un député malien
a cassé son téléviseur
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© AFP |
L'émotion passée,
L'Essor propose une analyse froide des 90 minutes de
ce «match inoubliable». Troisième
minute, 18ème, 25ème, 34ème, 44ème,
77ème, la tactique des Aigles est apparue au grand
jour : la maîtrise de tous les compartiments de jeu
avec un système de flux et de reflux «époustouflant».
Il n'y a pas d'équipe
de football sans entraîneur. Celui du Mali, le franco-polonais
Henri Kasperczak, reçoit les hommages de la presse
malienne. Sa tactique, ses conseils et sa baraka ont porté.
Gentil coup de griffe en trois
temps à l'équipe algérienne dans le supplément
spécial du quotidien gouvernemental. L'Algérie,
dit Ntola, n'a pas vu le jour face à un Mali
euphorique. L'Algérie était orpheline, démoralisée.
Et puis pan sur le bec : «l'estocade (deuxième
but malien) avait la pureté glacée d'une
guillotine qui tombe». Conclusion de notre confrère
: «Le K.O parfait».
Cela dit, cette victoire malienne à en croire des confrères
maliens, n'a pas été une bonne chose pour les
âmes sensibles. Un quinquagénaire malien qui
s'évanouit à chaque but malien (deux piqûres
pour le tirer des bras de Morphée), un député
à l'Assemblée nationale qui casse son poste
téléviseur en signe de joie, ou encore un père
de famille qui s'agrippe à un mur «comme pour
aller au ciel» après la victoire malienne.
Dans le même registre, on apprend de sources hospitalières
à Bamako, que peu avant le match Mali-Algérie,
une femme a accouché. Fille ? Garçon ? Raté.
Plutôt deux enfants, jumeaux . Deux, comme deux buts.
Et si cela avait été prémonitoire ?
Serge Daniel
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