Coup d'il dans les coulisses de RFI
(25 janvier 2002)
|
Le stade du 26
mars © Ph.Q.L. |
De l'un de nos envoyés
spéciaux à Bamako
«Vous
n'avez pas le trac ? Mais mon petit, ça vous viendra avec
le talent!», a un jour rétorqué Louis Jouvet à une apprentie
comédienne. Pourtant, et quitte à faire mentir l'homme de
théâtre, Frédéric Gassmann et Philippe Zickgraf n'ont plus
le trac. Après de longues années d'expérience, l'approche
d'un match est vécue sereinement. Organisation méthodique,
préparation rigoureuse. Chacun a commenté des centaines de
rencontres. Tout de même, celle de ce jeudi 24 janvier est
importante : Mali - Nigeria, les jeunes Aigles face à la redoutable
machine des Super Eagles. Et puis c'est la CAN, l'événement
qui fait vibrer l'Afrique au rythme du football.
|
Médard
Chablaoui fait les dernières vérifications © Ph.Q.L.
|
Direction
le stade du 26 mars. Pour éviter les impondérables, l'équipe
part deux heures avant le début de la rencontre. Pas question
que les embouteillages bamakois ou un pneu crevé lui fasse
manquer le rendez-vous attendu par des millions d'auditeurs.
Aujourd'hui, le consultant de RFI Joseph-Antoine Bell est
parti à Ségou rejoindre Jean-François Péres et Bertrand Haeckler
pour Afrique du Sud - Ghana (pas de match à Sikasso
aujourd'hui pour Christophe Jousset et Manu Pochez). Ils ne
seront donc que deux au micro. Olivier Chermann, lui, est
là pour les interviews d'après-match, et le réalisateur Taguy
M'Fah Traoré pour monter, finaliser et transmettre les éléments
sonores vers Paris.
|
Philippe
Zickgraf et Frédéric Gassmann © Ph.Q.L.
|
Sur place,
les gradins sont déjà garnis par 40000 spectateurs, mais la
tribune de presse est encore clairsemée. Certains confrères
sont déjà là. Les sièges d'Africa N°1 sont vides, la BBC s'installe,
la presse écrite viendra plus tard. Les techniciens des médias
audiovisuels s'affairent devant leur matériel. Pour RFI, Médard
Chablaoui, casque sur les oreilles, est en contact avec la
Maison de la Radio, à Paris. Il effectue les dernières vérifications.
Qualité de la liaison, ligne de secours, réglage des niveaux.
«Ca roule ?», demande Philippe Zickgraf. «Tout est
en place !».
|
Les Aigles à
l'attaque © Ph.Q.L. |
Tandis que
la sono du stade fait danser les supporters maliens à grands
renforts de décibels, les deux compères sortent leurs notes.
Chacun un cahier. Composition des équipes, numéros et place
des joueurs, nom de l'arbitre, tout doit être à jour avant
le coup d'envoi. Et chacun un exemplaire de Passeport pour
la CAN. Un petit livre rouge conçu par MFI, l'agence multimédia
de RFI dirigée par Thierry Perret, en partenariat avec l'Agence
malienne de presse et de publicité (AMAP). Ecrit par Gérard
Dreyfus, l'incontournable spécialiste du football africain,
et Kouassi Guesdet, il a été réalisé par Arlette Cirencien
sous la coordination de Valérie Gas. Véritable bible des centaines
de journalistes présents à la CAN, victime de son succès,
c'est tout juste si on ne se l'échange pas au marché noir.
Via un
satellite situé à 36 000 km
|
© Ph.Q.L. |
Heure H
moins 15 minutes. Frédéric et Philippe mettent leur casque
pour entendre l'antenne et mieux se concentrer. Au micro,
Alain Mévégué. «Dans quelques instant, nous allons retrouver
nos envoyés spéciaux à Bamako pour le match Mali -Nigeria.
Je vous propose d'abord de joindre en direct Christine Muratet,
qui se trouve dans un village malien, où l'on s'apprête à
suivre la rencontre devant la télévision».
Dans un stade du 26 mars désormais plein à craquer, les deux
équipes s'échauffent sur le terrain. Les supporteurs maliens
acclament leurs vedettes, Bagayoko, Coulibaly, Diarra, Keita.
Les joueurs rentrent quelques minutes au vestiaire avant de
réapparaître sous les ovations. Frédéric Gassmann prend l'antenne
une poignée de secondes pour souhaiter la bienvenue aux auditeurs,
décrire l'ambiance et présenter le match. A sa gauche, un
écran de contrôle pour revoir les actions au ralenti.
|
Olivier Chermann
(à droite) avec Okocha © Ph. Q.L. |
19h00. Cette
fois, ça y est. L'arbitre donne le coup d'envoi, et c'est
parti pour 45 minutes de commentaires ininterrompus. Le numéro
de nos duettistes est parfaitement au point. Philippe donne
une petite tape sur l'épaule de son voisin, et celui-ci prend
le micro. Frédéric, lui, préfère prononcer le prénom de son
partenaire pour l'avertir. Suivi du jeu, commentaires, analyses,
arbitrage, attitude des supporters, tout est passé au crible.
Anecdote: plusieurs de leurs confrères alentour (comme de
nombreux spectateurs) ont un poste radio vissé à l'oreille.
Ils écoutent, via Paris et un satellite situé à 36 000 km,
nos deux commentateurs situés à quelques mètres d'eux. D'où
un décalage d'un peu plus d'une seconde entre ce qu'ils voient
et ce qu'ils entendent.
|
Henri Kasperczak noyé sous la meute des journalistes
© Ph.Q.L. |
A la mi-temps,
on se lève pour se dégourdir les jambes. Un petit quart d'heure
de pause, une bonne rasade d’eau minérale, et on repart pour
la seconde période. Décidément, les Aigles font forte impression
face à des Nigérians qu'on a connu plus inspirés. Toujours
0 - 0. On s'achemine vers un match nul. Mais quel match nul!
«Sans doute la plus belle rencontre de ce début de CAN»,
selon Frédéric Gassmann.
Coup de
sifflet final. Les deux commentateurs prennent congé des auditeurs
de RFI et commencent à écrire les comptes-rendus qui viendront
garnir les prochaines éditions. Côté action, c'est au tour
d'Olivier Chermann d'entrer en scène. Il se précipite dans
l'escalier pour intercepter les joueurs avant qu'ils n'entrent
au vestiaire. C'est la course aux déclarations. Bousculades,
franchissement des contrôles, vérification des accréditations.
Olivier parvient à accrocher Jay-Jay Okocha, la star nigériane
du PSG. Puis le Malien Seydou Keita. Enfin, dans la salle
de presse, l'entraîneur des Aigles, Henri Kasperczak, noyé
sous la meute des journalistes. Contrat rempli. Il rejoint
l'équipe, qui finit de plier bagages.
|
Taguy M'Fah Traoré © Ph.Q.L. |
Retour au
studio, dans l'enceinte de l'Hôtel de l'Amitié. Tout au long
de la route, la foule venue acclamer le car des Maliens salue
la voiture aux couleurs de RFI. Une fois les derniers éléments
envoyés, il est plus de minuit. Le temps, enfin, d'aller dîner.
Philippe Quillerier-Lesieur
|