Légende de la CAN

De 1957 à 2000

Programme
4par jour
4
par groupe

Tous les matchs
4Résultats/classements
4
Qualifications

Les équipes
4
Afrique du Sud
4
Algérie
4
Burkina Faso
4
Cameroun
4
Congo démocratique
4
Côte d'Ivoire
4
Egypte
4
Ghana
4
Liberia
4
Mali
4
Maroc
4
Nigeria
4
Sénégal
4
Togo
4
Tunisie
4
Zambie

Les villes hôtes
4
Bamako
4
Sikasso
4
Ségou
4
Mopti
4
Kayes

Le saviez-vous?

RFI à la CAN 2002

Nos articles archivés

Les liens
4mali2002.org
4
cafonline.com
4
autres liens

Nous écrire


accueil rfi



Au Mali, la fête jusqu'au matin
4 février 2002

Un match se termine, un autre commence dans les rues de Bamako © Patrice Tharreau

De notre correspondant à Bamako

Le coup de sifflet final retentit. Un match se termine, un autre commence dans les rues de Bamako. Des dizaines de milliers de personnes. Femmes, jeunes, vieux, et jeunes. Bref, tout un peuple uni face à l'événement. «Le Mali, c'est aussi ça», lâche un manifestant sur l'avenue de l'OUA. Notre interlocuteur ne sait pas forcement ce qu'il dit. Mais peu importe. L'heure est à l'émotion.

Les yeux embués, de larmes un gamin, crâne rasé, pleurniche. Il ne sait pas pourquoi. Un autre essaye de le consoler. Contagion , les deux se mettent à pleurer. La scène est émouvante. De l'autre côté de l'avenue de l'OUA, un petit bled, repère des garçons et filles un peu paumés du quartier Faladié. Pour une fois, on rigole ici. Enveloppé dans un drapeau national, Drissa, le leader du groupe, entonne Jah Jah, hymne à la gloire de Bob Marley. Une odeur de chanvre indien. Pas grave, aujourd'hui c'est la fête.

Fête aussi dans les autres quartiers de Bamako tels Badalabougou , Wolofobougou, Médine, ou encore Korofina. De véritables grappes humaines prennent là aussi d'assaut les rues de la capitale. Tambours et tam tam, coup de sifflets, youyous d'usage. Bref, ambiance indescriptible. A Badalabougou, deux mômes s'évanouissent. Rien de grave, un coup de chaleur. Ils se relèvent après avoir avalé quelques gorgées d'eau. La fête continue. De plus belle.

A Kayes, lieu où s'est déroulé le match, des milliers de spectateurs envahissent le stade. C'est le sauve qui peut. Les joueurs prennent leurs jambes au cou. Un cent mètres plat vers les vestiaires. Quelques officiels de la CAF, médusés, sont là. Plus de peur que de mal. La fête continue.

La fête continue, cette fois dans des maquis

Retour à Bamako. Le service de sécurité se fait des soucis. «Et si ça dérapait?», ose un officier malien, vieux routier du service de maintien d'ordre. Une astuce est trouvée pour faire d'une pierre deux coups. Communiqués sur communiqués, on annonce que l'entrée du match Nigeria - Ghana du dimanche soir à Bamako est gratuit. Et hop, le tour est joué.

«Ca a été une idée géniale. La plupart des manifestants se sont dirigés vers le stade du 26 Mars, et cela a permis de les contenir, de maîtriser leur parcours et de les avoir dans une prison dorée pendant 90 minutes», commente un flic malien, content de l'effet de sa phrase sur son interlocuteur.

Il n'empêche, une heure et demi après, la fête a repris. Une nouvelle circule : «Les Aigles arrivent de Kayes». Un groupe se dirige vers l'aéroport. Fausse alerte. Tout le monde rebrousse chemin. Ce n'est pas si grave, l'important c'est que la fête continue.

On a fait la fête aussi au palais présidentiel. Revenu d'un nième voyage à Tripoli, le Président malien Alpha Oumar Konare a eu tout juste le temps de se déchausser. Il au suivi le match à la télévision. Selon ses proches, il beaucoup bu du thé pour tromper le stress. A la fin, il a confié à RFI : «Je suis très heureux , mais les Sud-Africains, il faut le dire, n'ont pas démérité». Langage fair play. Son épouse, de son côté, a confié à un confrère : «J'avais le trac. Je pense que les jeunes ont bien travaillé».

Il est 21 heures TU. La nuit enveloppe la ville de Bamako. La fête continue, cette fois dans des maquis. Cravatés, ou drapés dans des boubous brodés de circonstance, les Maliens jouent «les prolongations» du match. Une troisième mi-temps, comme au rugby. L'alcool (on n'est pourtant dans un pays musulman à plus de 90%) coule à flots. On lève le coude. Aucune discussion rationnelle. Deux potes draguent la même fille. Montée d'adrénaline. Quelques paroles musclées échangées. Des postillons partent de part et d'autre sur les visages . Le dogo (petit frère en langue bambara) présente ses excuses au Koro (grand frère) et l'incident est clos. La belle de nuit , cause de la dispute, a trouvé entre temps un autre prince. Tant mieux pour tout le monde.

Deux heures du matin. Les forces commencent à lâcher les noctambules. Il n'empêche, certains continuent à festoyer. Plusieurs sont groggy. Offrant tournée d 'alcool sur tournée d'alcool, le propriétaire d'un bar ne se rend même pas compte qu'il est entrain de mettre la clé sous le paillasson.
Lundi Matin. Réveil difficile pour certains. C'était prévisible.

D'autres, tels les journaux maliens, prennent le relais de la célébration de l'événement .
«Pisansi» (puissance), titre L'Essor, le quotidien gouvernemental. «Bravo» les Aigles, commente le bi-hebdomadaire L'Indépendant. Dans la même veine, L 'Aurore, Le Soir de Bamako saluent l'événement. L'Observateur ose un titre guerrier : «Les Aigles crucifient les mondialistes sud-africains». A qui le tour? s'interroge, ironique, le quotidien Info Matin . Le Cameroun ou l'Egypte bien sûr. Mais ce sont là des grosses cylindrées, même si à cœur vaillant rien n'est impossible.

Serge Daniel