Dossier Asie
Pour mener à bien son opération d’aide en Afghanistan jusqu’à la fin de l’année, le Programme alimentaire mondial a besoin de 52 000 tonnes de nourriture, soit environ 40 millions de dollars. Sans cette aide, il y aura une rupture de l’approvisionnement et par conséquent, les 3,5 millions d’Afghans qui reçoivent l’aide du PAM sont menacés par de graves pénuries de l’aide alimentaire.
Dans ce pays, les catastrophes naturelles sont en général à l’origine de le pénurie alimentaire. Depuis le début des années 80, elles ont tué directement près de 20 000 personnes et affecté le tiers de la population, estimé à 24 millions d’habitants. Une plaie qui, avec la pauvreté et l’absence de développement provoqués par vingt années de conflit, se traduit par une sous-alimentation massive de la population. Certes, depuis 2001, le pays a renoué avec la croissance. Mais plus de 6 millions d’Afghans souffrent aujourd’hui de la faim.
La culture du pavot, qui a explosé depuis deux ans, est la deuxième cause de la pénurie. En 2004, par exemple, les surfaces cultivées ont augmenté de 64 %, principalement dans les zones irrigables. Et environ 50 000 hectares de terres à blé ont été reconvertis pour le pavot. Avec pour effet la baisse de la production céréalière et des hausses de prix qui affectent les plus pauvres. Les sous-investissements dans le développement rural, les destructions de champs de pavot sous la pression des bailleurs de fonds noircissent encore le tableau. Par conséquent, la plupart des agriculteurs afghans ne récoltent pas assez de nourriture pour subvenir à leur propre consommation pendant toute une année. Beaucoup doivent vendre leurs biens ou emprunter en échange de leur prochaine récolte, s’enfermant dans le cercle vicieux de l’endettement. Certains vendent même leurs filles pour solder leurs dettes.
Une récente évaluation de la vulnérabilité et de la sécurité alimentaire menée par le gouvernement afghan dresse un tableau alarmant de l’insécurité alimentaire généralisée. Et malgré la perspective de bonnes récoltes dans le nord du pays, on prévoit un déficit d’au moins 400 000 tonnes de céréales cette année.
Ces dernières années, les agences des Nations unies, comme le PAM, ont vu leurs appels de fonds de plus en plus ignorés par les pays donateurs. Pour eux, l’Afghanistan est devenu «un pays oublié». Aujourd’hui, le manque de financement laisse peu de choix au PAM. Sans nouveaux dons, il va falloir réduire les rations alimentaires. «Si les réductions de rations que nous anticipons devaient se prolonger, il faudrait craindre non seulement une augmentation des taux de malnutrition mais également l’insécurité et les déplacements de la population vers les centres urbains» a constaté Charles Vincent, le représentant du PAM en Afghanistan.
par Any Bourrier
[08/05/2006]
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