Chypre
Denktash défie l’ONU
Rauf Denktash, président de la partie turque de Chypre, estime que la réunification de l’île ne pourra vraisemblablement pas se faire avant le 1er mai 2004. Il présente aussi des modifications qu’il souhaite voir intégrer au plan établi par l’ONU. Sous peine d’appeler sa communauté à rejeter ce plan lors du référendum du 21 avril.
Selon Rauf Denktash, le président de la partie turque de Chypre, les négociations avec les Chypriotes grecs pour une réunification de Chypre ne pourraient pas sérieusement aboutir d’ici au 1er mai 2004. A cette date, Chypre devrait rentrer dans l’Union européenne. Du moins, la partie grecque de l’île. La seule à être reconnue par l’Union et par la communauté internationale. Il n’y a qu’une réunification qui pourrait permettre d’envisager, à l’heure actuelle, une intégration de toute l’île dans l’Europe.
Or, jeudi 4 mars, à Ankara, en Turquie, Rauf Denktash a demandé, voire exigé, la prise en compte des modifications que la partie chypriote turque propose d’apporter au plan élaboré par Kofi Annan, secrétaire général de l’Organisation des nations unies (ONU). Ce plan prévoit la reconnaissance de deux régions autonomes, l’une chypriote turque et l’autre chypriote grecque. Chacune de ces régions aurait son gouvernement. Chypre aurait, en plus, un président, appartenant tantôt à une communauté, tantôt à l’autre. En cas de blocage institutionnel, interviendrait un arbitrage international. Celui-ci serait confié à trois sages choisis par les deux parties. On ignore quelles modifications exactes souhaite la partie chypriote turque. Ce qui est certain, c’est que Rauf Denktash menace d’appeler sa communauté à voter «non» au référendum du 21 avril si ses demandes ne sont pas entendues.
Un «non» perturberait tout le calendrier patiemment mis en place par l’ONU. Il est prévu que, normalement, les négociations entre les deux parties se poursuivent jusqu’au 22 mars. Si elles échouent, la Grèce et la Turquie doivent entrer en jeu directement afin qu’une solution soit trouvée avant le 29 mars. En cas de nouvel échec, Kofi Annan trancherait lui-même les questions restant en suspens. Ainsi difficilement élaboré, le plan de réunification de Chypre serait soumis à référendum le 21 avril. Plus exactement, à référendums, au pluriel. Car deux consultations seraient organisées simultanément: l’une dans la partie grecque de Chypre, l’autre dans la partie turque.
Après Chypre, la Turquie
Dans leur majorité, et les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs désirent entrer dans l’Union européenne. Sans compter que la Turquie elle-même frappe à coups renforcés à la porte de l’Europe. Elle espère que les négociations pour son entrée pourraient s’ouvrir dès le mois de décembre. Une entrée qui, si elle n’est pas conditionnée juridiquement par le règlement du problème chypriote, y est subordonnée politiquement. Le hic est que personne n’est prêt à intégrer l’Union au prix de concessions trop importantes. Au fond, si Rauf Denktash et son homologue Tassos Papadopoulos, président de la partie grecque de Chypre, ne parvenaient pas à se mettre d’accord, ils pourraient, du même coup, décliner toute responsabilité dans la mise en œuvre d’un plan que leurs communautés respectives n’approuvent peut-être pas. Ils échapperaient ainsi à l’impopularité, la laissant au secrétaire général de l’ONU, à la Grèce ou à la Turquie. Voire aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.
Car chacun sait bien que rien ne peut se faire sur l’île sans la Grèce et la Turquie. Mais personne n’ignore non plus que Chypre est une ancienne colonie britannique. Et que la Grande-Bretagne pourrait bien, pour ce dossier comme pour d’autres, faire le jeu des Etats-Unis. Ceux-ci n’ont cessé de clamer qu’ils souhaitent ardemment l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Or, c’est précisément ce vœu que vient d’exprimer aussi Jack Straw, secrétaire britannique au Foreign Office, lors d’une visite en Turquie. Il a également prévenu qu’un «non» des Chypriotes grecs au référendum du 21 avril accompagné d’un «oui» des Chypriotes turcs, pourrait porter atteinte à la cause de la République de Chypre (la République du Sud, chypriote grecque).
Ces propos ont été tenus le mercredi 3 mars, soit la veille du jour où Rauf Denktash, en Turquie aussi, a plus ou moins menacé de ne pas accepter un plan non conforme aux intérêts des Chypriotes turcs. Qui plus est, le premier ministre de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré que, pour des négociations en vue d’une entrée dans l’Union, son pays est bien plus prêt que ne l’étaient certains autres quand ils ont ouvert de telles négociations. Et, comme par hasard, parmi les Etats moins prêts que la Turquie, il a cité Chypre.
La réaction des Chypriotes grecs ne s’est pas faite attendre. Le porte-parole de la présidence a stigmatisé le discours de Jack Straw. Il le déclare susceptible d’encourager ce qu’il appelle l’intransigeance de Rauf Denktash.
Tout cela fait un peu pagaille. Même s’il est difficile de faire la différence entre gesticulation et divergences réelles. Quoi qu’il en soit, l’Union européenne va devoir rapidement prouver qu’elle est capable de régler les problèmes en son sein ou à ses frontières immédiates. On voit mal une moitié de Chypre, puis la Turquie, intégrer la Communauté alors que la seconde occuperait toujours l’autre moitié de la première.
Or, jeudi 4 mars, à Ankara, en Turquie, Rauf Denktash a demandé, voire exigé, la prise en compte des modifications que la partie chypriote turque propose d’apporter au plan élaboré par Kofi Annan, secrétaire général de l’Organisation des nations unies (ONU). Ce plan prévoit la reconnaissance de deux régions autonomes, l’une chypriote turque et l’autre chypriote grecque. Chacune de ces régions aurait son gouvernement. Chypre aurait, en plus, un président, appartenant tantôt à une communauté, tantôt à l’autre. En cas de blocage institutionnel, interviendrait un arbitrage international. Celui-ci serait confié à trois sages choisis par les deux parties. On ignore quelles modifications exactes souhaite la partie chypriote turque. Ce qui est certain, c’est que Rauf Denktash menace d’appeler sa communauté à voter «non» au référendum du 21 avril si ses demandes ne sont pas entendues.
Un «non» perturberait tout le calendrier patiemment mis en place par l’ONU. Il est prévu que, normalement, les négociations entre les deux parties se poursuivent jusqu’au 22 mars. Si elles échouent, la Grèce et la Turquie doivent entrer en jeu directement afin qu’une solution soit trouvée avant le 29 mars. En cas de nouvel échec, Kofi Annan trancherait lui-même les questions restant en suspens. Ainsi difficilement élaboré, le plan de réunification de Chypre serait soumis à référendum le 21 avril. Plus exactement, à référendums, au pluriel. Car deux consultations seraient organisées simultanément: l’une dans la partie grecque de Chypre, l’autre dans la partie turque.
Après Chypre, la Turquie
Dans leur majorité, et les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs désirent entrer dans l’Union européenne. Sans compter que la Turquie elle-même frappe à coups renforcés à la porte de l’Europe. Elle espère que les négociations pour son entrée pourraient s’ouvrir dès le mois de décembre. Une entrée qui, si elle n’est pas conditionnée juridiquement par le règlement du problème chypriote, y est subordonnée politiquement. Le hic est que personne n’est prêt à intégrer l’Union au prix de concessions trop importantes. Au fond, si Rauf Denktash et son homologue Tassos Papadopoulos, président de la partie grecque de Chypre, ne parvenaient pas à se mettre d’accord, ils pourraient, du même coup, décliner toute responsabilité dans la mise en œuvre d’un plan que leurs communautés respectives n’approuvent peut-être pas. Ils échapperaient ainsi à l’impopularité, la laissant au secrétaire général de l’ONU, à la Grèce ou à la Turquie. Voire aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.
Car chacun sait bien que rien ne peut se faire sur l’île sans la Grèce et la Turquie. Mais personne n’ignore non plus que Chypre est une ancienne colonie britannique. Et que la Grande-Bretagne pourrait bien, pour ce dossier comme pour d’autres, faire le jeu des Etats-Unis. Ceux-ci n’ont cessé de clamer qu’ils souhaitent ardemment l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Or, c’est précisément ce vœu que vient d’exprimer aussi Jack Straw, secrétaire britannique au Foreign Office, lors d’une visite en Turquie. Il a également prévenu qu’un «non» des Chypriotes grecs au référendum du 21 avril accompagné d’un «oui» des Chypriotes turcs, pourrait porter atteinte à la cause de la République de Chypre (la République du Sud, chypriote grecque).
Ces propos ont été tenus le mercredi 3 mars, soit la veille du jour où Rauf Denktash, en Turquie aussi, a plus ou moins menacé de ne pas accepter un plan non conforme aux intérêts des Chypriotes turcs. Qui plus est, le premier ministre de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré que, pour des négociations en vue d’une entrée dans l’Union, son pays est bien plus prêt que ne l’étaient certains autres quand ils ont ouvert de telles négociations. Et, comme par hasard, parmi les Etats moins prêts que la Turquie, il a cité Chypre.
La réaction des Chypriotes grecs ne s’est pas faite attendre. Le porte-parole de la présidence a stigmatisé le discours de Jack Straw. Il le déclare susceptible d’encourager ce qu’il appelle l’intransigeance de Rauf Denktash.
Tout cela fait un peu pagaille. Même s’il est difficile de faire la différence entre gesticulation et divergences réelles. Quoi qu’il en soit, l’Union européenne va devoir rapidement prouver qu’elle est capable de régler les problèmes en son sein ou à ses frontières immédiates. On voit mal une moitié de Chypre, puis la Turquie, intégrer la Communauté alors que la seconde occuperait toujours l’autre moitié de la première.
par Hédy SELLAMI
Article publié le 05/03/2004