Racisme
Un rapport accablant
L'année 2002 a été marquée par une inquiétante montée du racisme en France, selon le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) ; 60% des violences et menaces racistes ont visé la communauté juive. La CNCDH redoute la recrudescence de nouveaux actes racistes dans un contexte international de plus en plus tendu, notamment en Irak et au Proche-Orient.
Trois cent treize violences contre les personnes et les biens enregistrées par le ministère de l’Intérieur, soit le niveau le plus élevé depuis dix ans, et 992 propos ou gestes menaçants, graffitis, injures et intimidations. Tel est le triste bilan qu’a dressé la Commission nationale consultative des droits de l’Homme dans son rapport 2002 remis, le 28 mars, à Jean-Pierre Raffarin. «Nous sommes face à des comportements pour lesquels il est évident que le gouvernement doit se mobiliser, notamment autour des dispositifs d‘intégration des populations issues de l’immigration», a déclaré le Premier ministre, avant d’ajouter : «Nous nous battrons contre toutes les formes de racisme, d’antisémitisme, nous ne souhaitons pas que ces tensions puissent entraîner, dans notre pays, des crispations préoccupantes».
Le texte pointe également que 60% des actes racistes perpétrés en 2002 étaient à caractère antisémite et la Commission s’inquiète d’un risque d’aggravation dans le contexte actuel de la guerre en Irak, puisqu’il y a, semble-t-il, depuis plusieurs années, une corrélation et une transposition de la situation orientale dans les communautés juive et arabo-musulmane présentes en France. Ainsi, sur 313 violences, 193 ont visé des juifs, soit six fois plus qu’en 2001. S’agissant des menaces et intimidations, le chiffre est tout autant en hausse : 731 des 992 ont été de nature antisémite. Quant aux autres menaces, plus d’une centaine, elles ont été essentiellement dirigées contre les Maghrébins. La gravité des violences s’est aussi accentuée : une personnes a perdu la vie et 38 autres ont été grièvement blessées. Des statistiques qui pourraient être beaucoup plus élevées, souligne le rapport, si certaines de ces violences étaient portées à la connaissance de la police.
L’indifférence des Français
Inquiétude également de la Commission qui rapporte que les établissements scolaires ont connu des incidents racistes fréquents cette année-là. Ces manifestations racistes et antisémites en milieu scolaire représentent à elles-seules 10% des violences totales. «Cette incursion du racisme dans les écoles est plus inquiétante pour la République», a estimé Joël Thoraval, président de la CNCDH, et d’ajouter : «Elle exige une vigilance de tous les instants, un rappel très ferme à la loi, ainsi que des initiatives des pouvoirs publics s’appuyant sur les associations de terrain». A ce propos, le gouvernement a annoncé qu’il avait engagé des actions dans les écoles et qu’il présenterait des initiatives en faveur de l’intégration lors d’un comité interministériel d’envergure le 10 avril prochain.
La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) s’est félicitée de certaines analyses du rapport et a affirmé que «c’est à la gauche de la gauche, que le rejet de toutes les formes de discrimination est le plus massif». Un pied de nez lancé à Roger Cukierman, président du Centre représentatif des institutions juives de France (Crif), qui avait évoqué lors du dîner annuel de cette association, une alliance «vert-brun-rouge» regroupant «une extrême droite nostalgique des hiérarchies raciales» et «un courant d’extrême gauche, antimondialiste, anticapitaliste, anti-américain et antisioniste».
Si dans leur immense majorité, les Français réprouvent ces actes, ils restent relativement indifférents et peu mobilisés face à un phénomène en pleine explosion. En effet, le racisme n’arrive qu’en septième position des craintes exprimées, derrière l’insécurité et le chômage. 26% des sondés jugent toutefois que le racisme est «très répandu» en France et 62% qu’il est «plutôt répandu».
Ecouter aussi :
Patrick Klugman, président de l’Union des étudiants juifs de France, au micro de Pierre Ganz (28/03/2003,8'57)
Le texte pointe également que 60% des actes racistes perpétrés en 2002 étaient à caractère antisémite et la Commission s’inquiète d’un risque d’aggravation dans le contexte actuel de la guerre en Irak, puisqu’il y a, semble-t-il, depuis plusieurs années, une corrélation et une transposition de la situation orientale dans les communautés juive et arabo-musulmane présentes en France. Ainsi, sur 313 violences, 193 ont visé des juifs, soit six fois plus qu’en 2001. S’agissant des menaces et intimidations, le chiffre est tout autant en hausse : 731 des 992 ont été de nature antisémite. Quant aux autres menaces, plus d’une centaine, elles ont été essentiellement dirigées contre les Maghrébins. La gravité des violences s’est aussi accentuée : une personnes a perdu la vie et 38 autres ont été grièvement blessées. Des statistiques qui pourraient être beaucoup plus élevées, souligne le rapport, si certaines de ces violences étaient portées à la connaissance de la police.
L’indifférence des Français
Inquiétude également de la Commission qui rapporte que les établissements scolaires ont connu des incidents racistes fréquents cette année-là. Ces manifestations racistes et antisémites en milieu scolaire représentent à elles-seules 10% des violences totales. «Cette incursion du racisme dans les écoles est plus inquiétante pour la République», a estimé Joël Thoraval, président de la CNCDH, et d’ajouter : «Elle exige une vigilance de tous les instants, un rappel très ferme à la loi, ainsi que des initiatives des pouvoirs publics s’appuyant sur les associations de terrain». A ce propos, le gouvernement a annoncé qu’il avait engagé des actions dans les écoles et qu’il présenterait des initiatives en faveur de l’intégration lors d’un comité interministériel d’envergure le 10 avril prochain.
La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) s’est félicitée de certaines analyses du rapport et a affirmé que «c’est à la gauche de la gauche, que le rejet de toutes les formes de discrimination est le plus massif». Un pied de nez lancé à Roger Cukierman, président du Centre représentatif des institutions juives de France (Crif), qui avait évoqué lors du dîner annuel de cette association, une alliance «vert-brun-rouge» regroupant «une extrême droite nostalgique des hiérarchies raciales» et «un courant d’extrême gauche, antimondialiste, anticapitaliste, anti-américain et antisioniste».
Si dans leur immense majorité, les Français réprouvent ces actes, ils restent relativement indifférents et peu mobilisés face à un phénomène en pleine explosion. En effet, le racisme n’arrive qu’en septième position des craintes exprimées, derrière l’insécurité et le chômage. 26% des sondés jugent toutefois que le racisme est «très répandu» en France et 62% qu’il est «plutôt répandu».
Ecouter aussi :
Patrick Klugman, président de l’Union des étudiants juifs de France, au micro de Pierre Ganz (28/03/2003,8'57)
par Clarisse Vernhes
Article publié le 28/03/2003