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Francophonie

Culture, diversité, laïcité

Comment partir du plus petit dénominateur commun, la langue française, pour devenir un «agent actif» du combat en faveur de la diversité culturelle dans le monde : c’est un peu à cette question que se sont attelées les 37 personnalités internationales choisies par le secrétaire général de la Francophonie, le Sénégalais Abdou Diouf, pour participer à la première session du nouveau Haut Conseil de la Francophonie. Alors qu’une grande réflexion est engagée dans le cadre de l’Unesco pour élaborer une convention sur la diversité culturelle, la Francophonie veut plus que jamais participer au combat contre l’uniformisation. Mais aussi, pourquoi pas, apporter une contribution à des débats plus politiques comme celui qui concerne la laïcité en France.
Ils viennent de Francophonie (51 Etats et gouvernements répartis sur les 5 continents) et d’ailleurs (Russie, Chine, Japon, Irlande, Brésil). Ce sont des hommes et des femmes qui sont issus des sphères politique, artistique, universitaire, économique…. Ils parlent tous français mais ont des cultures et des religions différentes. Ils ont accepté de faire partie du Haut Conseil de la Francophonie. Et c’est de la diversité de leurs origines et de leurs personnalités que le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, attend de voir sortir des propositions pertinentes et dynamiques sur les thèmes chers à l’Organisation internationale dont il tient les rênes depuis 2002. Car ce nouveau Haut Conseil, qui reprend le nom d’une structure mise en place par la France puis abandonnée il y a un an et demi, et qui dépend aujourd’hui des instances de la Francophonie multilatérale, a vocation à jouer le rôle de «laboratoire d’idées».

Et il semble que ses membres ont, dès leur première session, décidé d’aborder le thème de la diversité culturelle en allant dans le vif du sujet. Ils ont, en effet, débattu d’une question d’actualité, politique et polémique, à propos de laquelle se croisent les notions de culture et de religion : celle de la laïcité. Dominique Wolton, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de communication politique, qui a fait la synthèse des travaux du Haut Conseil, estime qu’une telle assemblée réunie dans le cadre de la Francophonie est un endroit idéal pour réfléchir sur des questions de ce type car elle regroupe des gens qui ont des valeurs communes mais qui viennent d’horizons très différents et sont donc susceptibles de confronter leurs points de vue.

«Une Francophonie de contacts et pas simplement d’identités»

Le débat sur la nécessité de défendre la laïcité en luttant contre le port du voile islamique à l’école, qui anime la France actuellement, a selon lui, provoqué des réactions d’incompréhension à l’étranger. «La conception française de la défense de la laïcité [qui va passer par une loi pour interdire le voile à l’école] est perçue comme une vision étroite». Il y a donc «un effet boomerang» du débat sur la laïcité. Dans un tel contexte, Dominique Wolton explique qu’il faut «réexaminer la notion française de la laïcité», peut-être «assouplir les conceptions» et mieux «tenir compte de la diversité culturelle». Dans cet esprit, les membres du Haut Conseil souhaitent qu’une grande enquête soit menée sur les rapports entre identité culturelle et religion dans les pays francophones et au-delà, pour apporter des éléments de comparaison concrets.

Car à l’heure de la mondialisation, la Francophonie a tout intérêt à devenir, selon Dominique Wolton, une communauté «de contacts et pas simplement d’identités». Ce message sur un sujet qui «détermine le sens profond de nos valeurs en Francophonie», a été entendu par Abdou Diouf qui a déclaré qu’il s’engageait à «étudier les modalités de mise en œuvre de la diversité culturelle sous l’angle du rapport avec les cultures, les religions et la laïcité en Francophonie et dans d’autres pays que la France».

Faire avancer le débat est une chose, passer de la théorie aux actes en est une autre. Et de ce point de vue, le secrétaire général de la Francophonie sait qu’on jugera l’action de son organisation aux résultats : «J’approuve ceux d’entre vous qui ont dit et répété que nous devons être utiles, concrets pour avancer et convaincre». Dans cette optique, certains chantiers sont prioritaires. Ceux de la promotion des industries culturelles et de la circulation des artistes, des étudiants et des chercheurs notamment. L’émergence d’industries culturelles au Sud est à la fois nécessaire pour préserver les identités et éviter l’uniformisation par une culture dominante, mais elle est aussi une source de revenus et un facteur de développement. Quant à la possibilité de circuler, elle est intimement liée à la problématique de la diversité culturelle car sans voyage, pas de contacts et pas d’échanges.

Organisation internationale de la Francophonie



par Valérie  Gas

Article publié le 20/01/2004

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