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Pétrole

Accord Iran-Japon sur un important gisement

Le Japon et l’Iran ont signé un accord portant sur l’exploitation conjointe d’un très important gisement pétrolier. Cet accord comporte aussi un aspect politique car le Japon a décidé de passer outre l’embargo économique décrété par les Etats-Unis sur l’Iran.
Trois quarts japonais, un quart iranien. L’accord conclu à Téhéran à l’issue de quatre ans de négociations entre le Japon et l’Iran prévoit qu’un consortium nippon détiendra 75% et la firme d’Etat pétrolière iranienne les 25% restants de l’exploitation du gisement pétrolier d’Azadegan. Ce gisement, situé au nord-ouest du pays, est considéré comme le plus important d’Iran et le projet conjoint porte sur plus de 2 milliards de dollars. Les réserves sont estimées entre 35 et 45 milliards de barils, selon les Iraniens, mais les Japonais, qui restent plus prudents, tablent sur 26 milliards de barils de réserves.

La production devrait démarrer en 2007 par l’extraction de 50 000 barils par jour avant de passer à 150 000 barils par jour un an après et 260 000 barils par jour au maximum de la production. Le contrat est d’une durée de 12 ans et demi.

L’intérêt des Japonais est clair. Ce pays, pauvre en ressources énergétiques, importe la quasi-totalité de ses besoins en pétrole. Et, face à la montée en puissance de la Chine de plus en plus consommatrice en énergie au niveau mondial, le Japon juge indispensable de diversifier ses fournisseurs afin de garantir son approvisionnement.

Les Etats-Unis «déçus»



Pour parvenir à ses fins le Japon a, par la même occasion, fait un geste politique fort envers l’Iran et, de ce fait, contre les Etats-unis. En effet les Etats-Unis ont décrété un embargo économique contre l’Iran et découragent les projets des autres puissances dans ce pays en raison des soupçons pesant sur le programme nucléaire de Téhéran. Le gouvernement japonais a estimé que les récents engagements de l’Iran à coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) lui suffisaient comme garantie. Il n’en demeure pas moins que Washington a immédiatement fait connaître sa «déception» quant à la décision du Japon en cette affaire.

D’autant plus que l’actualité vient apporter de l’eau au moulin américain. L’AIEA a découvert le même jour en Iran des pièces d’un modèle sophistiqué de centrifugeuse utilisé pour l’enrichissement de l’uranium et que Téhéran aurait dû déclarer à l’organisation viennoise. Voilà qui jette une ombre sur la volonté de l’Iran de jouer carte sur table.

Le gouvernement japonais a d’ailleurs longuement négocié avec l’Iran et les discussions entamées en 2000 ont achoppé à plusieurs reprises, notamment fin 2003 quand les relations s’étaient tendues entre l’Iran et la communauté internationale qui exigeait de contrôler le programme nucléaire iranien.

Ecoutez Jean-Marie Bouissou, chercheur au CERI (Alexis Delahousse, 19/02/2004,3'41")



par Francine  Quentin

Article publié le 19/02/2004

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