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Congo démocratique

Des bases militaires attaquées

Tentative de coup d’Etat, mutinerie ou envie d’exprimer un sentiment de révolte, aucune explication n’a pu être encore donnée, quelques heures après les tires d’armes automatiques qui ont troublé la quiétude des Kinois le 28 mars.

Il était 3 heures du matin à Kinshasa quand les premiers coups de feu ont éclaté. Les assaillants ont d’abord attaqué des dépôts de munitions du camp de Kokolo avant d’être rejoints par d’autres éléments qui avaient apparemment pour mission de faire le siège des positions attaquées. Presqu’au même moment ce sont d’autres bases militaires qui sont attaqués. Il s’agit du camp de Tshatshi, de la base navale sur le fleuve Congo et de la base aérienne de Ndolo. Selon une autorité militaire de Kinshasa, «la connaissance et le choix des lieux» ne doivent rien au hasard. Selon lui certains indices trahiraient déjà de nombreux soldats en exercice et qui auraient tout simplement retourné l’arme contre leurs propres institutions.

Mais leur acte n’est pas pour autant isolé. Une certaine coordination des opérations était de rigueur, puisque des soldats en armes seraient venus de l’autre rive du fleuve Congo, c’est-à-dire de Brazzaville en République du Congo. Alors que les opérations militaires menées par les assaillants ont tourné court, un total de six morts est pour l’instant constaté avec de nombreux blessés. Les autorités de Kinshasa qui ont affirmé en début d’après-midi du 28 mars «contrôler entièrement la situation» et elles ont présenté à la presse une vingtaine de personnes arrêtées, des armes, des grenades et des cartouches saisies auprès des assaillants. De nombreux autres complices seraient en fuite.

Il y a forcément une raison

De sources militaires à Kinshasa, on affirme qu’il avait autant sinon plus d’assaillants ayant directement agi de Kinshasa que venus de Brazzaville. En effet, des renseignements concordants font état de débarquement tôt dans la matinée de gens en armes venant de Brazzaville. Et même si ces informations semblent être justes, le gouvernement de la République du Congo décline toute implication dans les événements de Kinshasa. «Notre pays n’a rien à voir avec ce qui vient de se passer à Kinshasa», a déclaré Alain Akouala, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais de Brazzaville. Le gouvernement a également annoncé des mesures de surveillance renforcée pour prévenir d’éventuels mouvements de traversée du fleuve. Le porte-parole du gouvernement a également signalé qu’un obus était tombé dans le quartier OMS, qui a abrite le siège de l’Organisation mondiale de la santé, mais sans faire de victimes.

Sur l’autre rive du fleuve, à Kinshasa en République démocratique du Congo, l’heure est à la recherche d’explication. Les autorités ont déjà leur petite idée sur la question mais elles ont créé dans la foulée une commission d’enquête pour en savoir plus sur les commanditaires des attaques. Selon les policiers qui détiennent de nombreux assaillants, ces derniers seraient pour la plupart d’anciens de la Division spéciale présidentielle (DSP) des Forces armées zaïroises (FAZ), l’unité d’élite du maréchal Mobutu Sese Seko. A la chute du régime Mobutu en 1997, au moins 4 000 hommes de cette unité ont traversé le fleuve Congo pour trouver refuge sur l’autre berge, en République du Congo. Le gouvernement de la RDC a annoncé la fermeture du débarcadère de Kinshasa jusqu’à nouvel ordre.

Pour de nombreux observateurs «des événements de ce genre sont prévisibles». C’est également le discours que tiennent certains Congolais de Paris. «La transition oui, mais on ne voit rien de concret. Les anciens protagonistes se sont partagé le pouvoir, et les autres militaires (ex-FAZ) se sentent exclus», déclare Charly Essalo ex-rebelle, aujourd’hui à la tête d’un groupe de réflexion pour la reconstruction du Congo. En effet, un groupe d’officiers supérieurs de l’ex-DSP, pour la plupart à l’étranger, avaient tiré l’attention du Comité international d’accompagnement de la transition, qui regroupe 14 pays, sur leur «mise à la retraite prématurée» alors que leur souhait est de réintégrer la nouvelle régulière de leur pays. C’est aussi le cas de nombreux soldats des ex-FAZ qui refusent d’être marginalisés. Ces événements du 28 mars à Kinshasa ont remis les projecteurs sur leur situation.



par Didier  Samson

Article publié le 28/03/2004 Dernière mise à jour le 29/03/2004 à 16:32 TU

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